Cet article vise deux choses : 1 – informer sur les derniers développements de mes ateliers Initiation à la philosophie et Approche de l’histoire de l’art au sein du Centre de soins et de prévention des addictions (le CSAPA ADAJE) où j’exerce à Paris (75014), expliquer les modalités, les finalités de ces cours et ce qui fonde leur intérêt ; 2 – inviter des usagers extérieurs à participer à ces séances, ou proposer des interventions, ponctuelles ou régulières, dans d’autres associations.
Outre les soins et services institutionnels classiques – médecin, éducateurs, assistante sociale, psychologues - indispensables dans le cadre de suivis adaptés à la problématique singulière de chaque usager, ADAJE met à disposition de ses accueillis une palette d’activités riche et diversifiée : théâtre, art thérapie, atelier « corps et pensée », atelier "argent", thérapie par le chant, sophrologie, sport, groupe de parole, yoga, initiation à la philosophie, approche de la littérature et approche des œuvres d’art. La plupart de nos ateliers rencontrent un franc succès ; certains sont obligatoires et d’autres (comme les miens) sont facultatifs.
De formation philosophique (DEA) et littéraire (Licence), j’ai enseigné en lycée et j’interviens depuis une dizaine d’années en philosophie dans des Centres de formation du secteur sanitaire et social. En outre, j’ai commencé cette année à enseigner dans des universités populaires (Université Inter Age) en philosophie et en histoire de l’art. Concernant cette dernière discipline, je l’aborde, elle-aussi, par le biais de la philosophie. Parallèlement à mes activités pédagogiques, j’interviens dans le secteur des addictions depuis dix-sept ans, et j'ai commencé à animer ces ateliers en 2006.
Concernant mes cours et mes ateliers, sur un plan logistique l’année 2011/2012 a consisté en un gros travail de remaniement technique dû à l’acquisition d’un projecteur vidéo et d’un netbook qui permettent désormais d’utiliser Power Point pour diffuser des diapositives pendant les séances. Ce travail de rénovation technique a été fécond sur le plan pédagogique ; il n’a pas été non plus sans influence sur le contenu, et mon engagement récent dans des universités populaires (destiné à se prolonger) m’a aussi incité à développer de nouveaux cours de façon encore plus rigoureuse. A cet égard, fondamentalement, je ne fais pas de différence entre ateliers et cours, et je m’adresse de la même façon aux étudiants et aux accueillis – même s’il s’agit d’une audience beaucoup plus restreinte et que les patients me connaissent aussi sous d’autres aspects (j’organise la procédure d’admission dans le centre, je travaille parfois le dimanche au CTR où j’organise des visites de musée).
Quoi qu’il en soit, fort de ce contenu pédagogique assez abondant et d’une expérience de plusieurs années, il m’a donc semblé qu’il serait intéressant de dépasser le cadre strict de la post cure et d’ouvrir ces ateliers vers l’extérieur.
De même sans doute que les autres ateliers proposés par notre centre, philosophie, littérature et histoire de l’art n’ont pas dans mon esprit une vocation occupationnelle, et ces disciplines s'inscrivent clairement dans le processus global de reconstruction - sanitaire, social, psychologique, culturel et spirituel - que nous proposons. Cette dimension occupationnelle existe bien sûr, mais disons que ce serait la version la plus faible de ces ateliers, toujours possible en certains cas. Pour d’autres accueillis, ces cours seront au principe de la découverte de nouveaux savoirs, de nouvelles sources d’intérêt. Dans le meilleur des cas, les savoirs en question accompagneront une quête du sens et deviendront par là-même vecteur d’humanisation ; l’œuvre ou la pensée d’un auteur agira peut-être comme un médiateur, révèlera ou actualisera éventuellement un potentiel enfoui. Idéalement, la page de littérature, le concept, l'oeuvre picturale deviennent alors des clefs ouvrant des régions de soi-même qui resteraient fermées sans eux. J’aime à penser que par cette médiation, dans le meilleurs des cas l’accueilli découvre des nouvelles dimensions de lui-même, du monde, du rapport à l’autre, et que cette découverte est source d’un regain d’estime de soi dans la mesure où il peut se sentir alors lui-aussi dépositaire de ce qui fait notre humanité commune.
Pour un patient (comme pour tout un chacun), il est toujours possible d’interpréter son itinéraire de vie de façon négative, et de considérer en l’occurrence sa présence en post cure sur le mode dépressif de l’échec. Mais il est aussi possible de concevoir ce passage comme un moment fondateur, une chance de pouvoir remettre en question sa vie, de saisir ce moment comme une source de recréation de soi. Les moments de crise de notre vie sont ainsi propices aux questionnements existentiels, et, en ce sens, philosophie, arts et littérature représentent une chance non négligeable de soutenir, canaliser, formaliser cette démarche difficile liée à la question du sens.
Ces cours tendent donc à fournir des outils de compréhension, de renouvellement de la perception. Au mieux, dans le cas d'une appropriation effective, ils permettent de percevoir en quoi telle œuvre s’adresse à chacun d’entre nous dans sa singularité. Ils fournissent des codes – philosophiques, picturaux, religieux, moraux, politiques, historiques – qui modifient la perception d’une œuvre. Ceux-ci fonctionnent comme des lunettes permettant de mieux voir ce qu’il y a à voir dans une peinture, d’en saisir le sens et le message, et au final de générer ainsi du plaisir et un ré enchantement du désir.
Les ateliers philosophie ont lieu le lundi de 15H à 16H30. Je propose de les ouvrir à toute personne respectueuse de leur environnement pacifié et sobre.
Voici quelques thèmes abordés, la liste n’étant pas exhaustive :
1 - Considération sur l’art d’aimer et Réflexion sur la mort. Je n’approfondis pas (le lecteur intéressé peut se référer aux deux articles suivants : Texte 3. Enjeux existentiels liés à la question de la mort ; Texte 2. Considérations sur l'art d'aimer ). Simplement, je travaille désormais les deux thématiques sur la longue durée (3 ou 4 mois), par imprégnation en quelque sorte, et alternativement une semaine sur deux. Ces thèmes font évidemment signe vers les processus de séparation, la question du manque et de l'acceptation du vide, et pour des raisons de fond, je considère que les deux thèmes sont quasiment indissociables.
Autres sujets : 2- Difficile liberté; 3 -Banalité du mal, banalité du bien; 4 - La question de l’altérité; 5 - Aux origines du Contrat social (voir, Texte 4. Le moment du pacte social chez Rousseau) ; 6 - La crise de l’autorité; 7 - La reconnaissance et le don; 8 - Le travail
Approche de l'histoire de l'art
Voici quelques thèmes abordés (liste non exhaustive) :
1 - Légendes picturales; 2 - Caravage, l’homme « qui a détruit la peinture »; 3 - Le radeau de la Méduse de Géricault; 4 -Le verrou de Fragonard; 5 - La Joconde de Léonard; 6 - L’impressionnisme; 7 - Le détail en peinture; 8 - Melancholia de Dürer
Pour plus de renseignements et pour s'assurer de la
tenue effective d'un atelier le jour souhaité, contacter Pascal Coulon au Centre Adaje (0145427500)