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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 06:47

 

Groupes d'entraide

 

 

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"Une personnalité ne trouve précisément sa quintessence que dans l'effort qu'elle déploie pour surmonter sa souffrance"

Alexandre Jollien 

Comme je l'ai indiqué dans le précédent message (Texte 1. Livre sur les groupes d'entraide ), l'un des buts de ce livre sur les groupes d'entraide était d'injecter un peu de pluralisme dans le milieu du soin des addictions, totalement tourné vers la réduction des risques depuis plusieurs années ; il s'agissait de se demander si l'on devait se résoudre à un modèle unique, ou si une approche pluraliste est encore possible (modèle de RDR certes, - et encore une fois elle est nécessaire et bienvenue -, mais aussi modèle d’abstinence en 12 étapes, modèle de gestion expérientielle, et d'autres encore, sans doutes). Toutefois, compte tenu de l'orientation assumée de mon livre il s'agissait surtout de voir si le système de soins français était compatible avec les fraternités.

Malheureusement, très peu de professionnels ont daigné honorer de leur présence cette soirée dans laquelle une discussion ouverte était possible. Il est vrai que (mea culpa) la date était mal choisie, et que des personnalités comme Anne Copel ou JP Couteron ont eu des empêchements (professionnels et familiaux).

 

 Quoi qu'il en soit, dans une perspective pluraliste, la problématique est pour moi la suivante : on peut imaginer un spectre ; à l’une de ses extrémités, des personnes, des associations comme ASUD, voire des professionnels, dont la position consiste à dire qu’il n’existe pas tant un problème de consommation ou de dépendance, qu’une situation sociale stigmatisante, des interdits, etc., eux-mêmes au principe des difficultés et des souffrances liées aux substances. Le problème serait donc de travailler à changer le regard de la société, voire les lois, et à réduire risques et souffrances en attendant (avec des TSO, etc.).

         A l’autre extrémité, les fraternités pour qui la dépendance est un réel problème, un problème en soi en quelque sorte, mais qui considèrent que cette épreuve peut-être appréhendée comme une source existentielle d’évolution, qu’elle peut s’inscrire dans une démarche permettant d’accéder à « la vraie vie », à une seconde vie quoi qu'il en soit, et qui proposent pour cela une méthode passant par l’abstinence.

         Entre les deux, divers organismes et agents qui prennent acte d’un certain nombre d’évolutions inhérentes à notre société hyper moderne, qui se donnent pour finalités de réduire des souffrances, qui combinent et pondèrent accompagnement socio éducatif et RDR. D’autres encore voient le problème en termes d’éducation, de gestion expérientielle des plaisirs ; sans oublier la psychanalyse, les TCC, etc., qui s'insèrent à divers niveaux dans cette configuration.

         Ces différentes options peuvent-elles coexister au sein d’un système de soins pluraliste, ou des choix sont-ils inévitables, - et, en ce cas, les jeux sont déjà faits (et donc, chacun pour soi) ? Sachant que, à mon humble avis, la solution ne peut se trouver dans une moyenne ou un consensus mou.

 

  UNE APPROCHE STOÏCIENNE

         De la discussion que nous avons eue au restaurant après la signature à l'espace Harmattan, je conclue que la dimension idéologique du soin ne peut être esquivée, sauf à jouer les Tartuffe; l'alternative se situerait donc entre une approche visant à réduire la souffrance, approche très en phase  avec l'évolution moderne de la société qui tend à esquiver tout ce qui peut constituer le tragique de l'existence, et une autre approche (plutôt celle des fraternités et que personnellement je privilégie également), que j'appelle stoïcienne - mais qui est aussi teintée de nietzschéisme. Celle-ci consisterait à intégrer la dimension de la souffrance dans le suivi socio psycho éducatif, dans la mesure où cette dernière peut être transformée en une source d'évolution existentielle. C'est aussi un choix de société : comme le disait Nietzsche, les forts aussi doivent être protégés. 

 

          Tout le problème étant de savoir si une telle approche est institutionnalisable, ou si elle est définitivement réservée aux francs tireurs, ou, au mieux à certains membres des fraternités, - et sans que cette expérience soit universalisable de quelque manière que ce soit.

 

Dans le prochain message: la question de l'abstinence

 

A venir: la puissance supérieure

 

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TRANSMETTRE

La transmission de la philosophie et de l'esthétique est une chose difficile qui requiert la concentration de l'étudiant. Elle ne relève donc pas d'un discours démagogique ou sophistique dont la popularité médiatique n'a souvent d'égal que la pauvreté conceptuelle. Inversement, à l'attention des profanes, il ne peut s'agir non plus de procéder selon un discours élitiste, du type normalien. En ce qui me concerne, je dirais que mon but et ma profession de foi, que ce soit dans mes conférences, mes ateliers ou sur ce blog, c'est de tendre à rendre accessibles ces choses difficiles avec un minimum de déperdition conceptuelle.

 

 

 

Recherche

Penser la violence ; l'oeuvre de Girard

Paru en Mars 2018 chez HDiffusion, Penser la violence de Pascal Coulon. 20 euro dans toutes les "bonnes librairies"

 

 

La violence a fait au cours des deux derniers siècles l'objet d'une pléthore de recherches dans bien des domaines, et nombreux sont les livres qui ont traité de la question en lui apportant des réponses fécondes. Bien peu cependant l'ont abordée dans sa dimension génétique essentielle de violence fondatrice. Et, pour cause ! Penser que toutes les communautés humaines et l'ensemble des processus civilisateurs, avec leurs rites, leurs cultures, etc., trouvent leurs origines dans une violence radicale qui en constitue la fondation ne va pas de soi ! De ce point de vue, Freud semble bien avoir la paternité de l'idée fondamentale d'un meurtre initial, paradoxalement à la source de la civilisation, de la morale et de la religion. Mais ne s'agit-il pas d'un mythe ? La question de la violence ne requiert-elle pas plutôt une méthode indiciaire, s'appuyant sur des recherches et un matériau anthropologiques ? L'oeuvre de René Girard tend dans un effort continu, magistral et souvent solitaire à remonter contre vents et marées aux sources d'une violence à la fois effective, revenant périodiquement, fondatrice et génétique. Sans omettre les failles de la doctrine, l'auteur met clairement en évidence l'articulation des théories girardiennes, désir mimétique, victime émissaire, méconnaissance, et nous en découvre la fécondité pour penser notre époque. (4ème de couverture)

Pages

LES GROUPES D'ENTRAIDE

Pascal Coulon, LES GROUPES D'ENTRAIDE

Une thérapie contemporaine

Psycho-Logiques
 

De nombreuses personnes trouvent dans les groupes d'entraide des ressources pour lutter contre leurs souffrances, se reconstruire psychologiquement et recréer du lien social. Quel est le véritable potentiel de ces groupes ? Quelles sont les origines de ces fraternités ? Quelles sont leurs valeurs ? Comment expliquer leur relative confidentialité et les résistances que ces groupes rencontrent en France ? Cet ouvrage met en lumière les polémiques qui opposent vainement la psychanalyse aux autres thérapeutiques de groupe face aux sujets addictés.


L'Harmattan, 22,50 euro
ISBN : 978-2-296-10844-8 • février 2010 • 226 pages

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