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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 21:41

 

 

 

 

 

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Note de l'éditeur, Germina

René Girard
L'impensable violence

Par Pascal Coulon
2012 | 188 p. | 16 € | 978-2-917285-31-2
Parution le 20 juin 2012

Étonnante pensée que celle de René Girard, caractérisée par un mixte de simplicité et de complexité. Ses concepts, peu nombreux, souvent puisés dans le langage commun (bouc émissaire, lynchage, contagion, scandale, Satan et Jésus, etc.) n’en acquièrent pas moins une puissance opératoire et explicative peu commune, imprégnant l’ensemble de sa production. L’ouvrage présente l’œuvre de René Girard en articulant trois de ses apports fondamentaux.
1) La théorie du désir mimétique
2) La théorie de la « victime émissaire », ou de la violence fondatrice
3) L’importance du processus de la « méconnaissance », qui est au fondement du processus de la violence fondatrice.


violence-sacre.jpg


Note de l’auteur, Pascal Coulon

Ce livre a pour ambition de constituer une introduction à la pensée de l’anthropologue René Girard (né en 1924), et je l’ai donc écrit avec l’intention pédagogique de faire apparaître les articulations de ce système et de les rendre accessibles au plus grand nombre.

Il ne s’agit ni d’une apologie de ce penseur étonnant, ni d’un essai critique sur ses positions controversées, mais de faire clairement le point sur les apports de la doctrine et sur ses impasses. La doctrine girardienne ouvre des perspectives très fécondes sur la compréhension de l’homme, de la société, sur la nature de la violence et sur ses différents effets. Plus localement, elle fournit aussi une grille d’intelligibilité très intéressante sur les mécanismes systémiques à l’œuvre dans les phénomènes d’addiction, l’anorexie, la psychose, etc.

Très rapidement, je dirais ici que trois grands axes de cette pensée constituent trois parties du livre : 1 - le désir mimétique : contrairement à nos illusions romantiques et individualistes, nous ne désirons jamais un objet directement, mais toujours de façon triangulaire, c’est-à-dire en fonction du désir d’un modèle que nous imitons. Mais ce modèle risque toujours de devenir à terme un obstacle sur la voie de l’objet, situation qui est source de violence.

2 – La victime émissaire : la violence est exponentielle et se transforme en une crise généralisée qui ne trouve une « solution » que dans le mécanisme de la violence émissaire où une victime innocente la polarise, la canalise sur elle, situation qui, paradoxalement, est à la source de la culture et de la civilisation.

3 - La méconnaissance : le mécanisme fonctionne bien tant qu’il est méconnu des « lyncheurs ». Avoir un bouc émissaire, c’est ne pas savoir qu’on l’a. La Révélation chrétienne est l’envers de cette méconnaissance, et une révolution historique fondamentale en ce qu’elle révèle l’innocence de la victime, et donc l’injustice du mécanisme. Cette nouvelle donne historique est grosse de toutes sortes de conséquences positives mais aussi redoutablement dangereuses dans divers domaines.

Les théories de René Girard constituent un apport très important de la pensée anthropologique, une véritable réflexion sur l'origine de l'homme et sur la violence qui traverse ces origines. A cet égard, le livre met en scène le dialogue et les controverses entre la théorie girardienne d’une part et respectivement le freudisme et l’anthropologie structurale d’autre part, notamment celle de Lévi Strauss.


 

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    Quant à mon investissement personnel, on pourrait s'en étonner compte tenu des thématiques de ce blog. Mais il est lié au fait que la lecture de Girard m'a touché et fasciné à divers égards. Hormis la philosophie proprement dite, l'une des thématiques centrales de ce blog réside dans l'idée de pèlerinage aux sources. Or, la quête passionnée des origines est très touchante, voire naïve, chez cet auteur, même si elle prend des chemins très particuliers, plutôt inatendus et inquiètants parfois. Ils amènent quoi qu'il en soit à des remises en question tout à fait stimulantes.

A ce sujet, voici la fin de l'introduction du livre, inspirée d'une de mes devises favorites, celle d'Antonio Machado : "Caminante no hay camino; el camino se hace al andar", que l'on peut traduire : Il n'y a pas de chemin (pré construit) pour le pèlerin ; le chemin se construit en marchant.

 

"Nombreuses sont les critiques du travail de R. Girard liées notamment au fait que, quoi qu’il en dise, ses théories s’apparenteraient plutôt à une idéologie, voire à une défense du christianisme, qu’à la science [...] Cependant, quand bien même ces critiques seraient fondées et que les hypothèses de l’auteur ne pourraient se vérifier in fine, serait-ce bien là l’essentiel ? [...] Nous suggérons ici que le plus intéressant est peut-être, moins le terme de la recherche, que ce qui est découvert dans le mouvement qui mène vers ce terme. Autrement dit, l’intérêt de l’œuvre est peut-être moins dans le but que dans le chemin en lui-même.

 

       Puisque nous parlons de chemin, on connaît la métaphore utilisée par Stendhal – écrivain de référence pour notre auteur – de la littérature comme « miroir le long du chemin ». Quant à l’œuvre de R. Girard, elle ferait plutôt penser à une lanterne portée à bout de bras par un pèlerin sur un chemin solitaire dans la nuit : à chaque balancement lié au mouvement de la marche, la lueur vacillante de cette lanterne  fait apparaître fugitivement des formes étranges, des figures inquiétantes ou fascinantes, inconnues jusque-là.

 

       Le chemin girardien lui-même est source de découvertes qui peuvent être vertigineuses. Il se peut que l’on ne pénètre véritablement en « Girardie » qu’avec « crainte et tremblement », avec le sentiment d’aller vers le mystère de ces « choses cachées depuis la fondation du monde ». L’œuvre donne ainsi une clef pour une interprétation bouleversante du monde. Mais, de redoutables questions peuvent surgir au détour du chemin : n’eût-il pas été préférable de ne pas savoir ?"

 

Commander par internet (15,80 euro) : René Girard, l'impensable violence: Amazon.fr: Pascal Coulon: Livres

 

 

 

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commentaires

S
I have not read the book “The Unthinkable Violence” by Pascal Coulon. I think the book deals with a lot of facts which can be associated with the current affairs and events happening in the world. I am sure that this book has some message to the society. Thanks.
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P
Thanks a lot for your comment! Girard s theories have actually a lot to do with to day events : mimetism, violence, goat... Pascal Coulon
C
<br /> Blog(fermaton.over-blog.com),No-8. - THÉORÈME SACRÉ. - La pensée moderne ?<br />
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L
<br /> Bonjour Pascal et bienvenu dans la commune des philosophes.<br /> <br /> <br /> Je suis un ami de Jean votre éditeur. Vos récensions donnent envie de lire les livre.<br /> <br /> <br /> Bonne continuation.<br />
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F
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Bonjour Pascal et bienvenu dans la commune des philosophes.<br /> <br /> <br /> Je suis un ami de Jean votre éditeur. Vos récensions donnent envie de lire les livre.<br /> <br /> <br /> Bonne continuation.<br /> <br /> <br /> Merci de ce sympatique commentaire. Vos articles, notamment sur Merleau me semblent aussi très intéressants. Je vais aller y voir de plus près. Amicalement<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />

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La transmission de la philosophie et de l'esthétique est une chose difficile qui requiert la concentration de l'étudiant. Elle ne relève donc pas d'un discours démagogique ou sophistique dont la popularité médiatique n'a souvent d'égal que la pauvreté conceptuelle. Inversement, à l'attention des profanes, il ne peut s'agir non plus de procéder selon un discours élitiste, du type normalien. En ce qui me concerne, je dirais que mon but et ma profession de foi, que ce soit dans mes conférences, mes ateliers ou sur ce blog, c'est de tendre à rendre accessibles ces choses difficiles avec un minimum de déperdition conceptuelle.

 

 

 

Recherche

Penser la violence ; l'oeuvre de Girard

Paru en Mars 2018 chez HDiffusion, Penser la violence de Pascal Coulon. 20 euro dans toutes les "bonnes librairies"

 

 

La violence a fait au cours des deux derniers siècles l'objet d'une pléthore de recherches dans bien des domaines, et nombreux sont les livres qui ont traité de la question en lui apportant des réponses fécondes. Bien peu cependant l'ont abordée dans sa dimension génétique essentielle de violence fondatrice. Et, pour cause ! Penser que toutes les communautés humaines et l'ensemble des processus civilisateurs, avec leurs rites, leurs cultures, etc., trouvent leurs origines dans une violence radicale qui en constitue la fondation ne va pas de soi ! De ce point de vue, Freud semble bien avoir la paternité de l'idée fondamentale d'un meurtre initial, paradoxalement à la source de la civilisation, de la morale et de la religion. Mais ne s'agit-il pas d'un mythe ? La question de la violence ne requiert-elle pas plutôt une méthode indiciaire, s'appuyant sur des recherches et un matériau anthropologiques ? L'oeuvre de René Girard tend dans un effort continu, magistral et souvent solitaire à remonter contre vents et marées aux sources d'une violence à la fois effective, revenant périodiquement, fondatrice et génétique. Sans omettre les failles de la doctrine, l'auteur met clairement en évidence l'articulation des théories girardiennes, désir mimétique, victime émissaire, méconnaissance, et nous en découvre la fécondité pour penser notre époque. (4ème de couverture)

Pages

LES GROUPES D'ENTRAIDE

Pascal Coulon, LES GROUPES D'ENTRAIDE

Une thérapie contemporaine

Psycho-Logiques
 

De nombreuses personnes trouvent dans les groupes d'entraide des ressources pour lutter contre leurs souffrances, se reconstruire psychologiquement et recréer du lien social. Quel est le véritable potentiel de ces groupes ? Quelles sont les origines de ces fraternités ? Quelles sont leurs valeurs ? Comment expliquer leur relative confidentialité et les résistances que ces groupes rencontrent en France ? Cet ouvrage met en lumière les polémiques qui opposent vainement la psychanalyse aux autres thérapeutiques de groupe face aux sujets addictés.


L'Harmattan, 22,50 euro
ISBN : 978-2-296-10844-8 • février 2010 • 226 pages

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