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11 octobre 2023 3 11 /10 /octobre /2023 09:35

 

Le 9 mars 2023 est paru dans toutes les bonnes librairies mon dernier ouvrage chez Hermann Diffusion (HD), Scènes primordiales de la philosophie ; de la caverne de Platon au visage chez Levinas.

 

Ce petit livre pédagogique dont les chapitres correspondent à des cours et conférences dans différentes universités populaires a pour vocation de rendre accessibles tout en en régénérant le sens quelques morceaux d'anthologie philosophiques.

 

Je publie ici la courte introduction de ce livre afin de fournir quelques précisions sur le contenu à d'éventuels lecteurs.

 

 

 

 

 

Qui d’entre nous, s’intéressant un tant soit peu à la philosophie, n’a entendu parler de l’allégorie de la caverne de Platon, du pari de Pascal, du « je pense donc je suis » de Descartes, ou encore de la dialectique hégélienne du maître et du serviteur ?

De telles séquences philosophiques, de tels réseaux conceptuels, ont acquis une puissance telle qu’elles sont devenues des figures mythiques et des repères essentiels conférant une plus forte intelligibilité au monde.

Mais que savons-nous réellement de ces figures au-delà de la connaissance vague ou du ouï-dire ? Ces scènes primordiales sont bien souvent plus célèbres que connues, et nous n’avons pas nécessairement conscience de leur fécondité en termes de rapport à soi-même, aux autres et au monde.  Foucault avait bien vu que les concepts philosophiques risquaient toujours de se transformer en slogans, et de perdre ainsi de leur richesse originaire, de leur substance, au profit d’un usage quelque peu dévitalisé et superficiel. Plus simplement, « l’honnête homme » et de nombreuses personnes intéressées par la philosophie n’ont plus que de vagues souvenirs, ou des connaissances partielles, de ces figures - lesquelles ont pourtant une importance non négligeable dès lors que l’on veut s’intéresser réellement à la chose philosophique.

 

Ce livre s’adresse à l’honnête homme du 21ème siècle, curieux, intéressé par la philosophie, mais non spécialiste. Fondamentalement, cet ouvrage prétend trouver un équilibre consistant à rendre accessibles ces choses parfois difficiles pour des profanes, sans pour autant en rabattre sur l’exigence conceptuelle. C’est dans cet esprit qu’il a aussi pour ambition de fournir un certain nombre de repères permettant de se constituer une culture philosophique commune.

Il s’agira donc de retrouver la puissance originaire de huit de ces scènes primordiales, de les replacer dans leur contexte philosophique et historique, et de montrer à quels problèmes répond la création de ces concepts. Après avoir fait ainsi apparaître leurs conditions d’émergence, nous entrerons dans le détail de ces scènes afin d’en retrouver la subtilité et la vitalité, et nous prendrons la mesure de leur valeur en termes d’avancée philosophique majeure. Nous verrons aussi les critiques et les alternatives conceptuelles qu’elles ont pu susciter. Sans prétendre épuiser l’interprétation de ces séquences conceptuelles, laquelle est infinie, il s’agira cependant de la régénérer afin de montrer en quoi elles ont une valeur éternelle et constituent des outils précieux dont la vitalité est féconde pour mieux comprendre et agir dans le monde contemporain.

 

Les huit scènes primordiales en question sont, par ordre d’apparition : 1 - l’allégorie de la caverne de Platon ; 2 - l’ego cogito de Descartes ; 3 - le pari de Pascal ; 4 - le moment du pacte social chez les grands contractualistes (Hobbes, Rousseau, Rawls) ; 5 - la dialectique du maître et du serviteur chez Hegel ; 6 - l’existence précède l’essence avec Sartre ; 7 - la horde primitive chez Freud ; 8 - le visage chez Levinas.[1]

 

Ces figures conceptuelles, ces scènes primordiales, ont été choisies par nos soins de façon arbitraire, indépendamment les unes des autres, presque intuitivement, un peu en fonction de leur célébrité, un peu en fonction de leur puissance. Il va de soi que d’autres concepts auraient pu figurer dans cette liste qui ne prétend à aucune exhaustivité.

A priori tout ceci ressemble donc à un patchwork, une réunion aléatoire d’éléments hétérogènes. A cet égard, le lecteur peut très bien lire les chapitres de ce livre dans l’ordre de son choix. Cependant – et c’est la raison pour laquelle nous avons privilégié une exposition chronologique de ces scènes - il lui apparaîtra progressivement que ces figures se répondent, que chacune d’entre elle s’inscrit dans un réseau de sens plus global qu’elle contribue à construire, et qui constitue l’histoire de la pensée philosophique dans son ensemble.

 

 

 

[1] Par souci d’alléger la lecture du texte les notes de bas de page seront très peu nombreuses, et, en fin de chaque chapitre, le lecteur trouvera une bibliographie minimale comprenant les références absolument essentielles.

 

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28 septembre 2023 4 28 /09 /septembre /2023 11:21

Comme pour ce qui concerne la philosophie, les cours d'histoire de l'art reprennent dès vendredi 29/09/2023 dans différentes universités populaires du Gard et du Vaucluse.

Je préfère parler d'esthétique parce qu'il s'agit moins d'histoire que d'éducation, ou d'affinage des sens. Il s'agit de fournir un certain nombre de codes permettant aux publics de voir réellement ce qui est à voir dans une peinture, de telle sorte qu'ils y trouvent du sens et du plaisir.

 

Dans les universités de Uzès - UNIVERSITE POPULAIRE DE L'UZEGE - et d'Avignon - UNIVERSITE DU TEMPS LIBRE - il sera question au premier semestre de Scandales de l'histoire de la peinture.

 

Il doit encore être possible de s'inscrire en allant sur leur site.

 

A Uzès, séances hebdomadaires, les lundis de 16h à 17h30 (à partir du 02/10)

A Avignon, séances hebdomadaires, les jeudis de 9h30 à 11h30 (à partir du 05/10)

 

 

1 – Scandales de l’histoire de la peinture (8 séances)

Erotisme, mort, religion, mœurs, pouvoir… la liste est longue des ressorts du scandale pictural, sans même évoquer les seuls critères esthétiques. D’une certaine façon, l’idée de scandale est consubstantielle à l’histoire de la peinture – et plus largement de l’image - au sens où un nombre non négligeable de peintures ayant donné lieu à des polémiques ont en même temps constitué des moments décisifs de cette histoire, modifiant les conceptions de la représentation en vigueur jusque-là. La notion de « scandale » constitue ainsi une porte d’entrée appréciable de l’histoire de la peinture. On ne peint plus de la même façon après la révolution réaliste caravagesque, par exemple ; et, nonobstant les résistances qu’entraîne cette peinture pour ses contemporains, le rapport au divin s’en trouve malgré tout régénéré.

Il ne s’agira évidemment pas de recenser tous ses scandales, mais, après une rapide introduction visant à clarifier le concept de « scandale » et sa fonction opératoire en matière de peinture, plutôt d’en distinguer différentes catégories que chaque séance aura pour fonction d’illustrer avec des œuvres emblématiques et significatives d’évolutions décisives.

 

Au second semestre, à partir du 8 janvier, il sera question de la notion de siècle d'or en peinture.

 

 

 

2 – Siècles d’or (10 séances)

Loin de concerner uniquement la peinture, la notion de « siècle d’or » touche à la puissance politique, économique et culturelle d’une nation. Il nous faudra donc comprendre l’origine de cette expression et ce qu’elle signifie pour l’expression artistique, et plus précisément en termes d’innovation picturale.

En effet, ce moment de puissance et de rayonnement dans une aire géographique donnée rejaillit bien souvent sur l’activité picturale, qui tend à l’exprimer en retour par de nouvelles formes d’expression.

Dans ce cours, nous nous intéresserons aux œuvres picturales de trois moments importants de l’histoire de la peinture : les siècles d’or espagnol, hollandais et britannique en montrant les liens entre, respectivement, l’empire espagnol qui se vivait comme défenseur de la foi et la peinture du Greco et de Ribera, l’avènement de la société marchande et bourgeoise hollandaise et les peintures d’intérieur de Vermeer, ainsi que les natures mortes, et enfin la puissance maritime, industrielle, économique, intellectuelle de l’empire britannique au 19ème siècle et la peinture de Turner.

 

 

A Pont Saint esprit - UNIVERSITE POPULAIRE DU GARD RHODANIEN - le cours du premier semestre s'intitule Voir l'invisible

Séances hebdomadaires, les vendredis de 17h15 à 18h45 (à partir du 29/09)

 

 

1 – Voir l’invisible (8 séances)

Dans ces huit séances sera proposée une réflexion sur le travail du peintre, sur la nature de sa vision, et surtout sur l’œuvre comme rencontre, potentiellement à la source d’une modification des habitudes de vision, voire d’une évolution existentielle, pour le regardeur.

Durant les deux premières séances nous nous appuierons d’abord sur une courte Nouvelle de Marguerite Yourcenar qui nous permettra une première approche poétique d’un ensemble de thèmes (qu’est-ce que le « voir » de l’artiste ? Quel est son pouvoir révélateur ? Qu’est-ce que l’invisible ? Quelle est la nature de la relation entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel ? etc.) que nous retrouverons dans les autres séances.

 

Le cours du second semestre s'intitule Coloristes versus Dessinateurs

 

 

2-Dessinateurs versus coloristes (8 séances)

Avec cette opposition il s’agit de se donner une grille de lecture de l’histoire de la peinture en s’appuyant sur des peintres de différentes périodes (Caravage, Poussin, Delacroix, David, etc.). Loin d’être une opposition purement technique et anecdotique, celle-ci recouvre des conceptions assez radicalement différentes de la peinture qui impliquent des enjeux parfois insoupçonnés – esthétiques, certes, mais aussi métaphysiques, religieux et politiques – que nous nous attacherons à expliciter.

 

Ce sera aussi ce dernier programme A Montpellier - à L'UNIVERSITE DU TIERS TEMPS

Une séance mensuelle les mercredis (9h - 10h30) à partir du 31 janvier 2024.

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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 16:42

Dès la fin septembre les cours de philosophie reprennent dans plusieurs universités populaires pour l'année scolaire 2023-24. Il doit être encore possible de s'inscrire dans certaines d'entre elles (voir leur site).

Voici, 1 - les détails pratiques et surtout, 2 - les programmes :

 

 

AVIGNON : UNIVERSITE DU TEMPS LIBRE (UTL). Tous les vendredi matin à partir du 6 octobre (hors vacances scolaires du Vaucluse) de 9h30 à 11h30.

 

- Le programme sera le même avec l'UTL DE VERSAILLES. Une séance mensuelle (huit séances) à partir du jeudi 9 novembre (18h30-20h).

 

- Même programme à Bagnol sur Cèze avec le CADREF de Nîmes (14h-16h), à raison d'une séance mensuelle

 

 

 

Qu’est-ce que la philosophie ?

Dans cette série de cours introductifs il sera question d’une étude permettant d’aborder la nature du questionnement philosophique selon cinq grands axes :

Le premier axe concernera l’éthique du bien-vivre et se focalisera plus particulièrement sur la philosophie antique. En quoi la philosophie peut-elle nous aider à lever un certain nombre d’obstacles à une vie bonne ?

Le second axe se focalisera sur la nature de l’opération philosophique moderne, laquelle consiste à déconstruire les évidences. La philosophie nous permet-elle de dépasser des préjugés et de nous émanciper dans le même mouvement ?

Le troisième axe touchera la question du sens avec la réflexion éthique de Hannah Arendt concernant la nature du mal, d’une part, et des penseurs comme Kant, Hegel ou Marx qui s’efforcent d’assigner un sens à l’histoire. En quoi une action morale relève-t-elle de l’acte de penser ? L’histoire a-t-elle un sens ?

Le quatrième axe étudiera historiquement la façon dont le savoir philosophique s’est extrait de la gangue mythologique en créant des concepts. Nous montrerons les ruptures et les continuités entre les deux régimes de pensée. Pourquoi la philosophie, comme forme de pensée s’appuyant sur le concept, est-elle née en Grèce ?

Pour illustrer l’émergence du concept, par opposition à la mythologie, le dernier axe consistera à étudier quelques séquences primordiales de la philosophie (à partir de mon livre éponyme), quelques grandes figures conceptuelles dont nous nous attacherons à retrouver la puissance originaire.

 

 

 

A PONT SAINT ESPRIT, AVEC L'UNIVERSITE DU GARD RHODANIEN, deux programmes (pour le premier et le second semestre) les vendredis (19h-20h30)

 

 

Problématiques de l’autorité (8 séances)

 

Déclin de l’autorité, excès d’autorité, nous n’avons de cesse de rencontrer ces problématiques, tant aux niveaux personnels et sociaux qu’à celui, plus récemment, de la politique internationale.

Dans un premier temps, il s’agira de définir et d’étudier en détail cette notion, d’en retracer la genèse, et de montrer les formes structurelles de pouvoir qu’elle implique en tant que forme de domination reconnue par les dominés. Nous montrerons ensuite comment, avec l’entrée dans la modernité, l’égalisation croissante des conditions et l’émergence de l’individualisme en occident ont remis en question les hiérarchie traditionnelles et participé d’une mise en crise de l’autorité.

Le second temps sera plus critique puisque, à l’aide d’une approche philosophique de la violence prenant en compte les violences faites aux minorités et la question de la reconnaissance, nous déconstruirons la notion et mettrons en évidence ce qu’elle recèle d’injustice.

Le dernier temps concernera plus particulièrement la demande d’autorité telle qu’elle émerge dans de nombreuses sociétés et les ressorts de cette demande. Nous intéresserons alors plus particulièrement aux démocratures et aux gouvernements illibéraux, comme sources potentielles (et actuelles) de guerre.

 

 

 

2 – Réflexion philosophique sur la guerre (8 séances)

 

L’actualité est venue nous rappeler cruellement que les périodes de paix étaient des pages blanches de l’histoire. Il s’agira de prendre ici cette formule au sérieux en montrant le lien inextricable entre guerre et histoire.

Qu’on le regrette ou non, la guerre est un fait humain qui entraîne tout un ensemble de problèmes au-delà des seules considérations morales, et à ce titre il peut et doit faire l’objet d’un traitement philosophique.

Nous nous intéresserons en premier lieu aux origines de la guerre et à ses racines anthropologiques, puis à la spécificité de cette violence.

Depuis quelques siècles la guerre entraîne des  questions de droit et c’est la genèse de sa judiciarisation que nous examinerons ensuite.

Cependant, loin de renvoyer à l’animalité de l’homme, la guerre comporte aussi des dimensions spirituelles et morales que nous étudierons également.

Dans la dernière partie nous prendrons en considération, d’une part, l’arrière-plan philosophique et religieux de la guerre en Ukraine, et, d’autre part, les  nouvelles formes de conflictualité, que l’on appelle désormais « la guerre hybride ».

 

 

Deux programmes hebdomadaires également à Uzès (pour le premier et le second semestre) à L'UNIVERSITE POPULAIRE DE L'UZEGE, les lundis (14h30-16h) à partir du 2 octobre

 

 

 

1 - Philosophie et religion (10 séances)

 

La condamnation à mort de Socrate - qui inaugure l’œuvre de Platon, et plus loin l’histoire de la philosophie occidentale – en témoigne : les rapports entre religion et philosophie sont complexes, et souvent violents. Rapports conflictuels, certes, dont l’histoire donne maints exemples, mais toute la philosophie du Moyen-Âge montre qu’ils ne peuvent se résumer à une opposition radicale entre tenants de la raison et tenants de la foi.

Durant ce cours nous nous efforcerons dans un premier temps d’expliciter ces rapports complexes en retraçant leur histoire. Il conviendra notamment de distinguer le dieu de la foi de celui des philosophes. Cependant, une partie importante du parcours concernera la philosophie matérialiste, de l’Antiquité à nos jours, et certains penseurs maudits en raison de l’accusation d’athéisme qui les a stigmatisés. Dans ce sillage, nous nous appuierons aussi sur ceux que l’on a appelé les penseurs du soupçon (Nietzsche, Freud, Marx, Darwin) pour retracer une genèse de la pensée religieuse.

La dernière partie du cours portera sur le distinction entre dogme religieux et expérience spirituelle.

 

 

2 – Bergson : une autre métaphysique (8 séances)

 

Au moins en partie, ce cours fera suite au précédent dans la mesure où la pensée de Bergson permet de conceptualiser l’expérience spirituelle. Nous présenterons d’abord l’œuvre du grand penseur français de la première moitié du 20ème siècle, puis, avec l’aide de différents textes, nous entrerons dans le détail de cette œuvre qui nous amènera à découvrir une métaphysique qui prend le contrepied de la métaphysique traditionnelle depuis Platon et Aristote en tant qu’elle privilégie, non le statique et l’éternel, mais le mouvant.

Il sera intéressant d’étudier le rapport de Bergson à la science, sa distinction entre pensée scientifique et pensée philosophique, ce qui nous amènera alors à comprendre que tout son effort philosophique consiste à inscrire la pensée dans le mouvement de la vie en train de se faire, et que cette pensée est particulièrement stimulante en ce qu’elle permet de percevoir la vie comme source permanente d’éternelle nouveauté.

 

 

A Montpellier, avec L'UNIVERSITE DU TIERS TEMPS, six séances à partir du 31 janvier (9h-10h30) dans la salle Pétrarque (voir les dates avec l'université ou en me contactant)

 

 

Le sillage matérialiste

 

Souvent stigmatisé en raison de sa liberté vis-à-vis de la religion, le matérialisme peut être considéré comme l’autre de la philosophie. En ce sens, son histoire constitue une sorte de contre histoire de la philosophie.

Dans une première séquence consacrée à l’Antiquité, il s’agira à la fois d’expliciter la physique atomiste de Démocrite et son remaniement par Epicure, et de mettre aussi en évidence la très importante dimension éthique de cette pensée, notamment avec sa reprise poétique par Lucrèce.

Une deuxième séquence sera consacrée aux philosophes matérialistes des 17 et 18ème siècles, avec une pensée qui inaugure la biologie, d’une part, et en privilégiant un libertinisme, d’autre part. Nous nous intéresserons aussi à leur réception dans le contexte d’avènement progressif des Lumières.

La dernière séquence concernera le matérialisme dialectique de Marx, l’approche généalogique de la religion chez Freud, et les développement modernes du matérialisme dans le sillage de la pensée darwinienne.

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11 mars 2025 2 11 /03 /mars /2025 17:19

 

Ce petit texte est peut-être le dernier à paraître sur ce blog, qui existe depuis une bonne quinzaine d’années.
Je ne suis pas un fan des réseaux et je reste discret sur ma vie privée, mais je trouve normal de publier un texte informant mes amis et mon entourage de l’événement grave qui me touche, et de mon état d’esprit en l’occurrence: un cancer du pancréas qui évolue défavorablement depuis deux ans.


C’est peu de dire qu’une telle annonce et les prémisses de la maladie constituèrent un tsunami psychologique, pour moi bien sûr, mais aussi pour ma compagne, pour qui c’est sans doute le plus difficile. D’autant plus que l'évolution de ma maladie semble coller aux prévisions statistiques générales concernant ce cancer spécifique : entre deux et trois ans de survie. Il me reste donc en principe peu de temps, et une immense fatigue, une perte de poids très importante et divers désagréments que j’épargne au lecteur semblent confirmer la prévision en question.


Nonobstant souffrances et angoisse liées à cette situation, pour quelqu’un qui, comme moi, n’a cessé de travailler en philosophie – par intermittence, certes, mais tout de même – sur la question de la mort ces vingt dernières années, il est pour le moins intéressant de vivre ce processus de « marche à la mort » en première personne, tout en s’efforçant d’adopter une posture d’observateur. Cette posture m’est venue assez naturellement d’ailleurs ; avais-je un autre choix  que de me faire l’exégète de mes états valétudinaires dès lors que j’avais la lucidité et la puissance nécessaire à cet effet ?

 

Quant à ma réaction affective, ou mon état psychologique, depuis cette découverte, je pourrais distinguer aujourd’hui trois phases, sachant que d’autres sont susceptibles d’advenir. 


La première correspond à l’annonce de la maladie, à cet énorme coup de massue qui s’est immédiatement accompagné d’une chimiothérapie très lourde, et insupportable pour tout dire. J’ai le souvenir d’une brume permanente, de nausées récurrentes et de moments de désespoir, contrebalancés toutefois, si la chimio donnait quelques résultats, par la perspective d’une opération censée être le graal en matière de traitement de ce cancer.


La seconde phase correspond à la période qui a succédé à l’opération - très lourde elle aussi - et surtout à la récidive de la maladie quelques mois plus tard. L’annonce de la reprise de la maladie et de son côté inéluctable m’a paradoxalement amené à découvrir avec une certaine sérénité que j’étais sorti de l’alternative espoir/désespoir, de ces cycles émotionnels très pénibles. J’ai alors connu une période d’acceptation, voire une sorte de marche à la mort triomphante (et peut-être orgueilleuse) au cours de laquelle j’ai cherché assez naturellement à mobiliser des ressources. Celles liées à des expériences initiatiques lors de mes voyages de jeunesse en Inde, dans une vie aventureuse d’une façon générale et dans mes recherches philosophiques. Période d’intense réflexion et de reliance spirituelle qui m’a amené à me défaire, au moins en partie, de la crainte de la mort. En fait, mon problème alors n’était plus de guérir - illusion dangereuse, source de cruelles déceptions - mais de mourir avec dignité, voire de faire de ma mort une œuvre d’art.


La phase actuelle, depuis deux ou trois mois, est différente, plus prosaïque, même si elle comporte des composantes des deux premières phases. La dimension triomphale a disparu. Je suis entré dans une espèce de couloir, un tunnel non pas lumineux mais assez morne, qui correspond à ce que je qualifierais d’indifférence par rapport à la mort, et à une préoccupation plus importante pour des effets de la maladie au quotidien. En effet, en dehors des effets secondaires physiologiques, il faut aussi prendre en considération l’aspect très chronophage de la pathologie, entre les séances de chimio, les transfusions, les rendez-vous avec les médecins, et la difficulté de prévoir quoi que ce soit - une urgence médicale (une hospitalisation temporaire) étant susceptible d’intervenir à tout moment.


Je suis désormais concentré essentiellement sur deux choses : le plan affectif et le plan professionnel. D’abord mes proches. J’essaie de manifester mon affection à ma compagne – manifestation des sentiments qui, par hérédité familiale, n’est pas simple pour quelqu’un comme moi. Je m’efforce aussi de faire en sorte que sa vie soit le moins pénible en la circonstance, et surtout qu’elle se sente reconnue pour ses efforts et son attention à mon égard. De fait, sans elle, je n’aurais sans doute plus de vie professionnelle et ma vie privée serait probablement rien de plus qu'une survie chaotique. En outre, je suis aussi content d’être parvenu à resserrer les liens avec mes deux filles. J’aime à penser qu’elles ont mûri devant cette épreuve, qu’elles sont désormais plus conscientes de ce qui m’arrive et qu’elles parviennent, dans la mesure de leurs possibilités, à manifester leur affection, à comprendre mon souci de les voir plus souvent.

Je pense aussi à la rencontre tardive et extrêmement touchante pour moi avec cette merveilleuse jeune femme qui se revendique explicitement comme ma "belle fille" et à son mari. J'aurais tant aimé mieux les connaître et cultiver cette relation affective et culturelle !!

J'avais depuis longtemps prévu de partir en Inde pour y finir ma vie si un cas de figure comme celui-ci devait se présenter. Mais je crains d'une part de ne plus en avoir réellement la force ; d'autre part, il est probable que cela ferait de la peine à mes proches, qui ne le méritent pas.

 

Le paradoxe de cette histoire - et c'est le second point très positif - c’est que je vis sans doute la période la plus belle de ma carrière dans l’enseignement. Au fil d’un temps finalement assez court j’ai réussi en effet à développer un réseau entre le Gard, l'Héraut et le Vaucluse, et surtout une relation pédagogique très riche avec un nombre de plus en plus important « d’élèves » dans plusieurs universités populaires. Le bouche à oreille a fait son œuvre et je suis très heureux de pouvoir transmettre des connaissances en philosophie et en philosophie de l’art, joie qui est devenue une énergie se transmettant aux auditeurs. Certains d'entre eux sont devenus des amis, et ils me rendent d’ailleurs très bien ce don d'énergie. De ce point de vue, je dois dire que la reconnaissance est un moteur important pour moi. C'est aussi cette confiance qui me donne aussi une grande liberté de choix des sujets et de traitement de ceux-ci, et je ne prive pas d’approfondir des thématiques qui me sont chères. A ce sujet, il me semble d’ailleurs que je comprends et apprécie désormais beaucoup mieux des œuvres philosophiques ou esthétiques, et que j’en pénètre donc la substantifique moelle à la première personne - ce qui est évidemment très fécond aussi bien pour moi que du point de vue pédagogique.

 

Après tout, il se pourrait que les existentialistes aient raison : l’imminence de la mort et la prise de conscience de notre finitude est peut-être bien à la source d’une valeur ajoutée, d’une amélioration qualitative de l’existence.
A cet égard, ce qui est fascinant  pour moi, et un objet d’étonnement pour les médecins, c’est que durant mon travail de recherche, comme dans les moments de transmission, ces deux dernières années j'ai été animé d’une énergie qui me permet de transcender tout le reste – souffrances et désagréments physiques, épuisement, aussi bien que déprime existentielle. Mon oncologue y voit une expression de la pulsion de vie…

 

 

Bientôt n'aurai plus de contact avec la nature, avec ces aurores régénératrices du Chemin, avec les couchers de soleil flamboyants sur des plages. Je ne connaîtrai plus ces merveilleuses fêtes nuptiales du marcheur et de son environnement. Terminés également les couchers de soleil de Le Lorrain, ou ceux de Turner, la douce nostalgie des toiles de Corot, les éclats lumineux de Staël. Mais tout cela que j'aime - et qui ne sera plus pour moi, "je", ego - existera malgré tout, et ce savoir me rend moins triste, me console un peu. Comme une évidence, c'est ce sentiment, cette pensée qu'il me faut désormais cultiver.

Je ne pourrai non plus réaliser certains rêves ou projets comme sillonner la Californie avec une voiture américaine et dormir dans des motels, aller au Pérou et d'autres lieux qui m'attirent depuis longtemps.

 

Mais, en parlant de rêves, depuis quelques temps mes nuits sont incroyables : un tourbillon, une sarabande de rêves où se précipitent comme jamais pour fusionner entre eux des événements, des situations, des lieux, des figures de toutes les périodes de ma vie. Que n'ai-je les capacités techniques pour les traduire en expressions picturales !

Quoi qu'il en soit, je vais continuer sur ma lancée aussi longtemps que possible. Après tout, d’autres articles sont peut-être à venir. En termes médicaux l'alternative est claire pour moi : je peux gagner du temps avec des chimios plus légères - ce que je fais actuellement - mais au prix d'une qualité de vie moindre. Je peux aussi simplement abandonner les traitements et me focaliser sur quelques mois de survie. Une question d'équilibre sans doute, comme le disent les médecins, mais aussi une libre décision de ma part. A cet égard, je dois dire que je suis vraiment fatigué et je crois que je ne souhaite pas que tout cela se prolonge trop longtemps.

Sans compter que, on le sait au moins depuis Sartre, nous ne sommes pas des étants, des choses comme les autres, simplement posées là ; ce qui nous caractérise en propre, nous les êtres humains, c'est que nous avons à être, à nous faire, à la différence de toutes les choses du monde. Autrement dit, nous sommes des êtres de projet, et chacun comprendra dès lors que, de ce point de vue, l'horizon est pour le moins restreint en ce qui me concerne.

De toute façon, en dehors de ce qui m'est proche, le monde tel qu'il va (mal) actuellement ne me donne pas trop de regrets - la seule petite joie actuelle étant pour moi le discours de Malhuret et les velléités d'organisation de la résistance à Trump et consort. Cela fait bien peu !

 

 

Voilà où j’en suis, mes amis. Je pense aussi à vous mes frères, et peut-être encore plus mes sœurs du Chemin, qui êtes toujours dans mon cœur, et  à notre incroyable relation. Il est bien tôt pour se quitter, et j’aurais aimé vous fréquenter plus longtemps pour rire avec vous et mieux connaître votre richesse.

Mais je ne souhaite pas entrer aujourd'hui dans une quelconque emphase, les événements m’ayant appris que la maladie est beaucoup plus prosaïque que mes velléités tragico-romantiques.

 

Chaque moment compte désormais et demain sera un autre jour.

 


 

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30 mai 2024 4 30 /05 /mai /2024 16:26

Après ce qu’il est convenu d’appeler pudiquement une longue maladie (qui explique en partie le long silence de ce blog) et une opération lourde dont certaines séquelles sont pénibles, je m’apprête donc à revenir sur le Chemin de Compostelle, après l’avoir abandonné pendant trois ans pour les mêmes raisons.

Compte tenu des circonstances, ce Chemin du Nord prend pour moi un sens particulier : fatigué et affaibli, je pars avec l’idée que ce long périple solitaire devrait m’aider à m’approprier ce corps, pas tout à fait différent, certes, mais pas vraiment le même non plus. Pour ce corps devenu étrangement étranger il s’agirait en effet de trouver une nouvelle rythmique, une dynamique telle que je puisse l’habiter à nouveau. Je ne suis d’ailleurs pas très sûr de bien comprendre moi-même ce que ces considérations peuvent bien signifier, mais, à défaut d’une clarté conceptuelle, je sens qu’il est question encore une fois de régénération, voire de renaissance, et dans ce qu’il y a de plus élémentaire en l’occurrence.

Encore une fois disais-je car, le passé en témoigne, il semble bien que ma vie – et sans doute toute vie - soit placée sous le signe de ces renaissances successives. Revenant ces deux dernières années d’un enfer que je ne suis pas certain d’avoir vraiment quitté, j’espère bien faire de cette séquence un moment de refondation, et vivre une sorte de réinvention du corps dans la pratique - c’est-à-dire en marchant.

Pour les connaisseurs du Chemin, je pars de Bilbao et évite les Pyrénées (que j’ai déjà faites il y a cinq ou six ans) afin de commencer plus en douceur. Je devrai longer la côte nord de l’Espagne – la Cantabrie, les Asturies puis la Galice – jusqu’à la côte ouest où je redescendrai au sud vers Santiago (à moins que, avant Gijon, je prenne la diagonale sud-ouest vers Oviedo, sur la Camino Primitivo). Environ sept cents kilomètres donc en un mois, ce qui constitue une moyenne journalière très raisonnable, adaptée, je l’espère, à ma condition actuelle. Moment de rupture, j'espère que ce périple m’aidera à franchir un cap énergétique et que cette expérience fécondera à nouveau mon écriture ainsi que mes activités pédagogiques (d’autant plus que l’un de mes cours de l’an prochain portera sur les rapports de la marche et de la philosophie).

A bien des égards, ce moment de pèlerinage revêt donc pour moi une grande importance, tant le chemin peut, en faisant fonction de mise en abyme ou de métaphore, constituer l’une de ces expériences source d’évolution existentielle que tout moment critique est susceptible de proposer dans le cours d’une vie parsemée d’épreuves.

Cependant, même si je lui reste fidèle dans une large mesure, j’ai bien conscience que cette perception du chemin, mais aussi de l’existence - et plus particulièrement de mon itinéraire et situation personnels - en termes de régénération est tributaire de ce qui reste malgré tout une mythologie. Cette disposition tendancielle est sans doute elle-même liée à la fréquentation de l’Extrême-Orient et de ses pensées.

En fait, il est plus probable que le Chemin lui-même délivre un verdict inattendu. Impermanence des choses, « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». De fait, le Chemin – son organisation, sa fréquentation - peut avoir changé, et j’ai moi-même évolué, bien sûr. « Le réel c’est ce qu’on n’attend pas », comme le disait le phénoménologue Henri Maldiney ; je sais bien qu’il me faut éviter de projeter des attentes inconsidérées et laisser advenir ce qui doit être. Ainsi, les rencontres - composante importante du pèlerinage - de mes précédents chemins furent riches et me sont très chères, mais elles ne présagent en rien de celles du chemin à venir.

Cependant, quoi qu’il en soit des bienfaits, vicissitudes et autres aléas du parcours, je sais aussi que s’ouvrent toujours à un moment donné du parcours les portes du Royaume ; se présentent alors ces sublimes aurores lumineuses, comme autant de rencontres nuptiales avec la nature, où le « je » du marcheur se dissolve en s’immergeant dans l’environnement et le corps  entre en résonnance symphonique avec les éléments. Expérience régénératrice s’il en est, ineffables moments de grâce qui, toujours, incitent le marcheur à revenir sur le chemin.

 

 

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2 mai 2023 2 02 /05 /mai /2023 18:17

Comme l'indique cette affichette, le samedi 6 mai, entre 15h et 18h, je présenterai et dédicacerai mes deux derniers livres (Le lien à l'ère de l'individualisme; La chair du monde, L'Harmattan, 2022 et Séquences primordiales de la philosophie, HDiffusion, 2023) à la Fnac d'Avignon.

Ce sera un plaisir de revoir les étudiants de cette année, de rencontrer de nouvelles personnes, et aussi de présenter à d'éventuels nouveaux participants mes programmes en philosophie et en histoire de l'art pour l'année 2023-24 dans les différentes universités libres de la région.

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2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 16:50

Il y a de bons films sur la peinture, et même de très bons – Pollock de Ed Harris, Les Fantôme de Goya de Milos Forman, La Jeune fille à la perle de Peter Webber – et de moins bons : Monsieur Turner de Mike Leigh. Ce qui fait la différence, ce n’est certes pas une fidélité rigoureuse envers une réalité historique – qu’il est d’ailleurs bien souvent difficile d'atteindre - mais le sentiment, ou non, en ressortant de la salle de cinéma de s’être imprégné de l’œuvre, de s’être immergé dans l’époque, la sensibilité esthétique, en bref dans l’univers qui était celui du peintre. Dans le film de Mike Leigh, par exemple, à la fin de la séance, le spectateur avait le sentiment d’avoir passé deux heures en compagnie d'un type bien peu sympathique, mais ce sentiment n’était pas contre balancé par celui de l’émerveillement devant l’œuvre – pourtant extraordinaire - de Turner.

 

 

 

Le risque était grand avec Caravage, compte tenu de la vie dissolue et des mœurs scandaleuses du personnage, de tomber dans ce piège d’une biographie "mesquine", ou encore d'un tout romanesque et aventureux, au détriment de la sensibilité esthétique. Mais le film de Michele Placido fait clairement partie de la première catégorie – celle des bons films. Si quelques libertés sont prises par l’auteur concernant la réalité historique au profit de la cohésion et de l’attrait de la trame romanesque - la mort de Caravage, les raisons du duel qui entraîne la mort de l’adversaire de Caravage et, conséquemment, la condamnation à mort de ce dernier, le rôle de baronne Borghèse (superbement interprétée par Isabelle Huppert), et d’autres détails encore ne reflètent pas la vérité historique – ce n’est pas le plus important. D’autant que cette liberté permet en outre un parti pris narratif fécond, avec cet enquêteur désigné par le pape pour prendre une décision sur une éventuelle grâce papale (formidable Louis Garrel !). Ce procédé est aussi fécond en ce qu’il est en outre à la source d’une série d’analepses permettant de revisiter une bonne partie de la vie personnelle et artistique du peintre. De toute façon, concernant la vérité historique, le scénariste pouvait aussi jouer en effet à son profit de quelques zones d’ombres dans la biographie du peintre.

 

 

Quoi qu’il en soit, l’essentiel de ce qui fait un grand film sur la peinture – et en l’occurrence sur Caravage - est bien là. Pour moi, qui « fréquente » Caravage depuis de nombreuses années en retravaillant sans cesse mes cours sur lui (et d’autres), les thèmes les plus importants apparaissent dans le film : on y retrouve en effet les enjeux religieux dans le contexte de la Contre-Réforme, la dimension scandaleuse du peintre pour le clergé du point de vue pictural, le problème posé par le rejet de certaines de ces œuvres considérées comme blasphématrices, l’ambivalence des jugements des ecclésiastiques à l’égard de la qualité de la foi du peintre, ambivalence, finement analysée, des cardinaux et du pape lui-même  ; ou encore la façon subtile dont apparaît en creux le destin à venir de certaines œuvres qui devaient être détruites parce que blasphématoires (mais qui ont été conservées par des admirateurs refusant de céder à une parole dogmatique, ce qui a occasionné des débats sans fin entre experts de la modernité sur leur authenticité).

 

Mais surtout, le spectateur est immergé dans le tragique et la violence de cette époque, il prend la mesure (ou la démesure) de la foi débridée et du destin christique de cet artiste (proche de Van Gogh à cet égard), qui sentait bien, en outre, que la révolution picturale réaliste qu’il portait en lui avait plus de chances de se réaliser en fréquentant les plus pauvres, les bas-fonds, les hospices, les prostituées, les tavernes, etc., que sous le baldaquin terni de l’académisme.

 

 

Plus important encore : dans le mouvement bouillonnant de la vie de l’artiste, de ses allers-retours entre les bas-fonds et les palais les plus merveilleux, à travers ses engagements, ses fidélités et ses infidélités, au cœur de sa  foi intense, le spectateur assiste aux différents évènements, aux rencontres, aux drames présidant à la genèse des œuvres de l’artiste. De ce point de vue, le film est une véritable performance en ce qu’il parvient à reconstituer des tableaux vivants très crédibles des scènes qui ont servi de modèles aux tableaux.

Finalement, dans ce maelstrom que fut la vie de Caravage, c’est bien la lumière qui ressort de l’œuvre de cet artiste, une lumière divine que ses plus âpres détracteurs n'ont pas pu ne pas voir, et que le réalisateur a su saisir, ce qui qui fait de ce film celui que l’on attendait depuis des années sur ce peintre extraordinaire.

 

Les Pèlerins à Emmaüs

La Mort de la Vierge

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26 décembre 2022 1 26 /12 /décembre /2022 16:21

Les trois schémas suivants sont destinés aux lecteur du chapitre 1 de Scènes primordiales de la philosophie qui devrait paraître en mars. Ces schémas servent à étayer visuellement l'image de la ligne dans le Livre VI de la République de Platon, et l'allégorie de la Caverne dans le Livre 7 - cette allégorie constituant la première scène primordiale traitée dans mon livre. 

 

Schéma figuratif de "la Ligne", La République, Livre VI

 

Schéma figuratif de "la caverne", La République, Livre VII

 

Deuxième schéma, plus précis

 

 

 

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5 décembre 2022 1 05 /12 /décembre /2022 11:32

Voici, plus bas, les programmes que je propose à l'université d'Uzès, en philosophie et en histoire de l'art, à partir de janvier jusqu'en juin.

En fouillant un peu sur le blog le lecteur pourra retrouver des articles sur la guerre qui correspondent à un cours fait il y a plusieurs années, notamment en Normandie. Il va de soi cependant que les cours à venir intègreront de nouveaux paramètres, la guerre étant en train de changer de nature. Il en va de même concernant le cours sur l'amour passion : des articles sont consacrés à cette thématique et à l'art d'aimer. Je laisse le lecteur découvrir les deux thématiques d'histoire de l'art. 

En espérant vous voir nombreux à ces cours du lundi après-midi. Renseignements auprès de l'université libre d'Uzès.

 

  • 1 - REFLEXION PHILOSOPHIQUE SUR LA GUERRE

L’actualité est venue nous rappeler cruellement que les périodes de paix étaient des pages blanches de l’histoire. Qu’on le regrette ou non, la guerre est un fait humain qui entraîne tout un ensemble de problèmes au-delà des seules considérations morales, et à ce titre il peut et doit faire l’objet d’un traitement philosophique. Nous nous intéresserons en premier lieu aux origines de la guerre et à ses racines anthropologiques, puis à la spécificité de cette violence. Depuis quelques siècles la guerre entraîne des  questions de droit et c’est la genèse de sa judiciarisation que nous examinerons ensuite. Cependant, loin de renvoyer à l’animalité de l’homme, la guerre comporte aussi des dimensions spirituelles et morales que nous étudierons également. Dans la dernière partie nous prendrons en considération, d’une part, l’arrière-plan philosophique et religieux de la guerre en Ukraine, et, d’autre part, les  nouvelles formes de conflictualité, que l’on appelle désormais « la guerre hybride ».

 

  • 2 - L’HISTOIRE DE L’AMOUR EN OCCIDENT

Loin d’être une tendance universelle, l’amour passion tel que nous le concevons traditionnellement en Occident a une histoire qu’il est assez facile de retracer. Nous nous intéresserons à cette construction - romanesque puis filmographique – née en un lieu et une date assez précis, et nous montrerons comment elle informe nos représentations communes. La relation amoureuse est ainsi souvent apparues comme une forme éminente de l’amour en Occident. Mais la passion implique aussi la souffrance, comme on peut le voir dans nombre de tragédies. Dès lors, il nous faudra remettre en question l’amour passion comme forme suprême de l’amour. Est-il possible de passer de l’amour passion à un art d’aimer ? Pour répondre à cette question, il nous faudra passer par une approche philosophique de la mort.

 

  • 1 – QU’EST-CE QU’UNE ŒUVRE D’ART ?

Il s’agira dans ce cours, d’abord de trouver un certain nombre de critère permettant de distinguer une œuvre d’art. Mais, grâce à l’étude de différents peintres du Moyen-âge (Bosch) et de la Renaissance (Raphaël, Léonard, etc.), nous montrerons aussi que la distinction entre artisan et artiste relève d’une construction sociale dont il s’agira de retracer la genèse. Le cours se focalisera sur la peinture, et plus précisément sur sa progressive émancipation jusqu’à son autonomie avec les peintres des avant-gardes picturales du début du 20ème siècle.

 

  • 2 – DESSINATEURS ET COLORISTES

Avec cette opposition il s’agit de se donner une grille de lecture de l’histoire de la peinture en s’appuyant sur des peintres de différentes périodes (Caravage, Poussin, Delacroix, David, etc.). Loin d’être une opposition purement technique et anecdotique, celle-ci recouvre des conceptions assez radicalement différentes de la peinture qui impliquent des enjeux parfois insoupçonnés – esthétiques, certes, mais aussi métaphysiques, religieux et politiques – que nous nous attacherons à expliciter.

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12 septembre 2022 1 12 /09 /septembre /2022 10:44

Un petit article dans le Dauphiné Libéré pour lequel je remercie Pascal Thuret, rencontré lors des journées de présentation de mes cours de philo et d'histoire de l'art à Avignon, Pont Saint Esprit et Uzès

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Fraterblog

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  • : Dans Fraterphilo, les idées de soin, d'art thérapie, de réflexion philosophique, de yoga et de pèlerinage constituent un lien et une trame pour ce qui se construit progressivement : ce que j'appelle une philosophie de "l'expérience-source d'évolution existentielle".
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TRANSMETTRE

La transmission de la philosophie et de l'esthétique est une chose difficile qui requiert la concentration de l'étudiant. Elle ne relève donc pas d'un discours démagogique ou sophistique dont la popularité médiatique n'a souvent d'égal que la pauvreté conceptuelle. Inversement, à l'attention des profanes, il ne peut s'agir non plus de procéder selon un discours élitiste, du type normalien. En ce qui me concerne, je dirais que mon but et ma profession de foi, que ce soit dans mes conférences, mes ateliers ou sur ce blog, c'est de tendre à rendre accessibles ces choses difficiles avec un minimum de déperdition conceptuelle.

 

 

 

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Penser la violence ; l'oeuvre de Girard

Paru en Mars 2018 chez HDiffusion, Penser la violence de Pascal Coulon. 20 euro dans toutes les "bonnes librairies"

 

 

La violence a fait au cours des deux derniers siècles l'objet d'une pléthore de recherches dans bien des domaines, et nombreux sont les livres qui ont traité de la question en lui apportant des réponses fécondes. Bien peu cependant l'ont abordée dans sa dimension génétique essentielle de violence fondatrice. Et, pour cause ! Penser que toutes les communautés humaines et l'ensemble des processus civilisateurs, avec leurs rites, leurs cultures, etc., trouvent leurs origines dans une violence radicale qui en constitue la fondation ne va pas de soi ! De ce point de vue, Freud semble bien avoir la paternité de l'idée fondamentale d'un meurtre initial, paradoxalement à la source de la civilisation, de la morale et de la religion. Mais ne s'agit-il pas d'un mythe ? La question de la violence ne requiert-elle pas plutôt une méthode indiciaire, s'appuyant sur des recherches et un matériau anthropologiques ? L'oeuvre de René Girard tend dans un effort continu, magistral et souvent solitaire à remonter contre vents et marées aux sources d'une violence à la fois effective, revenant périodiquement, fondatrice et génétique. Sans omettre les failles de la doctrine, l'auteur met clairement en évidence l'articulation des théories girardiennes, désir mimétique, victime émissaire, méconnaissance, et nous en découvre la fécondité pour penser notre époque. (4ème de couverture)

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LES GROUPES D'ENTRAIDE

Pascal Coulon, LES GROUPES D'ENTRAIDE

Une thérapie contemporaine

Psycho-Logiques
 

De nombreuses personnes trouvent dans les groupes d'entraide des ressources pour lutter contre leurs souffrances, se reconstruire psychologiquement et recréer du lien social. Quel est le véritable potentiel de ces groupes ? Quelles sont les origines de ces fraternités ? Quelles sont leurs valeurs ? Comment expliquer leur relative confidentialité et les résistances que ces groupes rencontrent en France ? Cet ouvrage met en lumière les polémiques qui opposent vainement la psychanalyse aux autres thérapeutiques de groupe face aux sujets addictés.


L'Harmattan, 22,50 euro
ISBN : 978-2-296-10844-8 • février 2010 • 226 pages

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